Panel 1 : Entrepreneuriat féminin et durabilité en Tunisie

 

Panel 1 :

Entrepreneuriat féminin : catalyseur du développement durable

En Tunisie, parler de croissance inclusive et durable sans évoquer l’entrepreneuriat féminin relève presque de l’angle mort. Les femmes entrepreneures existent, elles innovent, elles créent de la valeur et de l’emploi. Pourtant, elles restent confrontées à un ensemble d’obstacles qui limitent leur pleine contribution au développement national : un accès restreint au financement, une faible insertion dans les chaînes de valeur, des contraintes culturelles persistantes et un accompagnement encore trop généraliste, rarement orienté vers la durabilité. Ces freins ne sont pas simplement économiques ; ils traduisent une structure sociale et institutionnelle qui, depuis trop longtemps, sous-estime le rôle transformateur des femmes dans l’économie. Or, dans le contexte actuel marqué par les pressions du changement climatique, l’épuisement des ressources et la nécessité d’inventer de nouveaux modèles productifs, les femmes entrepreneures ne sont pas seulement un atout : elles sont une condition de survie et de résilience. La transition écologique, avec ses trois piliers le climat, l’inclusion, et l’économie verte ouvrent en réalité une fenêtre d’opportunité historique. Là où certains voient des contraintes (réglementations, adaptation coûteuse, normes nouvelles), il faut voir une chance : celle de repositionner l’entrepreneuriat féminin comme acteur central d’un changement systémique. Les femmes, de par leur rôle social, leur proximité avec les territoires et leur capacité d’innovation dans la contrainte, peuvent être à l’avant-garde de ce basculement.

Trois axes majeurs se dessinent :

1. Réinventer l’accès aux ressources : La finance, souvent pensée en termes de garanties et de bilans, doit s’adapter aux réalités des femmes entrepreneures. Des mécanismes innovants fonds verts inclusifs, microfinance climatique, dispositifs de garantie publique peuvent transformer l’exclusion financière en levier d’action.

2. Insérer les femmes dans les chaînes de valeur de demain : Trop souvent cantonnées aux secteurs traditionnels, les entrepreneures doivent être orientées vers des niches à forte valeur ajoutée : énergies renouvelables, recyclage, agriculture durable, numérique appliqué à l’économie verte. Ces secteurs ne sont pas seulement des marchés : ce sont les filières stratégiques de la Tunisie de demain.

3. Faire des femmes des actrices du changement systémique : Au-delà de l’économie, il s’agit de promouvoir une nouvelle culture entrepreneuriale où l’impact social et environnemental devient une valeur en soi. Les success stories féminines doivent être rendues visibles, les réseaux renforcés, les coopérations élargies. Car ce n’est qu’en brisant l’isolement et en créant une masse critique que l’entrepreneuriat féminin pourra devenir un mouvement structurant.

En définitive, le défi n’est pas seulement de soutenir les femmes dans leurs parcours entrepreneuriaux, mais de reconnaître leur rôle stratégique dans la transition écologique et inclusive. Si la Tunisie parvient à intégrer pleinement l’entrepreneuriat féminin dans ses politiques économiques et environnementales, elle ne se contentera pas de réduire les inégalités de genre. Elle posera les bases d’une économie plus résiliente, plus compétitive et véritablement durable. Car au fond, il ne s’agit pas d’une question de “place des femmes”, mais bien de l’avenir d’un pays.


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